Le château des hautes terres
Nous y avions été invités à l'impromptu, par le Baron des Hautes Terres. Un peu comme le village de Hauterives, la demeure n'était pas accessible par une route carrossable. Nous ne savions pas quelle journée particulière pouvait s'y tisser, s'il nous fallait mettre nos habits de campagne ou nos tenues de gala, si les hôtes seraient d'humeur artiste ou guindée comme dans ces rencontres sélectes et un peu snob qui m'ennuyaient terriblement. Toujours est-il que nous devions marcher, et mes escarpins fraîchement cirés furent bientôt tâchés de boue et de poussière.
Il s'agissait bien de hautes terres, car la montée fût rude et essoufflée. Dans l'air de ce matin de fin d'été une musique nous parvînt à la fois légère et triste comme dans un conte pour jeunes filles. D'autres invités arrivaient des divers petits chemins qui menaient au château. Lentement, à pas feutrés dans la mousse et les feuilles tombées nous avancions entre des touffes d'herbes étranges et des bruyères déjà sèches. Le château nous apparut dans toute sa splendeur; en même temps il incarnait cet air étrange de grande maison trop lourde à entretenir dans un vaste jardin en liberté et quelque peu à l'abandon. Un peu les hauts du hurle-vent ce lieu de villégiature et de vernissage! Il y soufflait une bise tiède mais intense qui avait décoiffé tous les arbres alentour. C'est donc les cheveux en bataille, époussetant nos vêtements froissés que nous arrivâmes à la porte du château.
Feuille